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  • David Santarossa

Ces mots qui militent à notre place (Première partie)

Lecture de Judith Lussier, On peut plus rien dire, Le militantisme à l’heure des réseaux sociaux, Éditions Cardinal, 2019

À tort ou à raison, il y a un sentiment dans la population qu’« on peut plus rien dire ». Ceux qui partagent un tel sentiment ont notamment l’impression que les accusations de racisme, sexisme, islamophobie, transphobie, homophobie et autres phobies pendent comme une épée de Damoclès au-dessus de toute émission, tout spectacle, toute œuvre et tout débat. Ceux qui tiendraient cette épée seraient les social justice warriors (SJW) ou, en français, guerriers de la justice sociale. C’est ce phénomène des SJW que la journaliste, chroniqueuse et animatrice Judith Lussier a voulu analyser dans On peut plus rien dire.


Dans l’introduction de cet essai paru aux Éditions Cardinal, Lussier tente de définir les SJW et explique, à l’aide d’une multitude d’exemples, qu’ils ont mauvaise presse. Pour certains, les SJW empêcheraient les autres d’avoir du plaisir comme dans les exemples récents qui ont mis sur la sellette les humoristes Mike Ward ou Guy Nantel. Ce serait souvent les mêmes qui accuseraient les SJW de vouloir recevoir un capital de sympathie en démontrant leur sensibilité à l'égard du sort des marginalisés. Mais pour d’autres, les SJW feraient avancer les droits des minorités, ils seraient à l’avant-garde d’une nouvelle lutte pour leurs droits. Lussier rappelle qu’à d’autres époques, les SJW ou leurs équivalents étaient vus positivement alors qu’aujourd’hui l’expression est exclusivement utilisée de manière péjorative. Manifestement, ce groupe divise et Lussier a comme hypothèse que cette division s’explique en bonne partie par une incompréhension des idées des SJW.


Le livre de Lussier est séparé en deux parties. On retrouve dans la première un lexique qui tente de définir les termes utilisés par les SJW, car ces derniers font usage d’un vocabulaire difficile à comprendre pour le commun des mortels. La deuxième partie entre véritablement dans l’argumentaire selon lequel il est faux qu’on ne puisse plus rien dire, et que ce serait même plutôt le contraire.


Lussier avance beaucoup d’idées dans son ouvrage et, sur ce plan, ce dernier est très riche. C’est pour cette raison que je scinderai ma recension en deux parties, une pour chacune des parties de son ouvrage.



Présentation du lexique


Dans le lexique du début du livre, on retrouve une quarantaine d’expressions. Ces entrées écrites par Lussier sont inspirées par différentes sources. Elles font généralement un peu plus d’une page, même quand elles portent sur des sujets relativement complexes. La présentation est généralement orientée politiquement à gauche et l’essayiste sélectionne des cas qui servent son propos. On ne doit toutefois pas se tromper, Lussier traite aussi tout au long de son livre certains sujets avec nuance, et on peut parfaitement comprendre que son sujet étant trop vaste, elle n’a pas toujours pu apporter toutes les nuances qu’elle aurait souhaité.


Avant d’analyser quelques-unes de ces définitions, penchons-nous un instant sur la manière dont Lussier les présente : « Si ces mots, expressions ou principes arrivent à définir avec assez de justesse certains phénomènes, ils génèrent à l’occasion de l’incompréhension, voire un braquage chez nombre d’interlocuteurs qui en saisissent mal le sens. » (p. 19) Cette citation est en effet à l’image du livre, il partage le monde en deux grandes catégories : dans la première, on trouve les personnes qui comprennent le vocabulaire SJW et qui l’appliquent, et dans la seconde, ceux qui ne le comprennent pas et qui se braquent. On verra toutefois plus loin qu’une troisième catégorie s'ajoutera à ces deux premières, soit celle des personnes qui maîtrisent ce lexique et qui le refusent en toute connaissance de cause parce qu’elles veulent protéger leur position de « privilégiés ». Autrement dit, pour Lussier, il ne semble pas exister d’opposants légitimes qui saisiraient ces concepts, mais qui ne les accepteraient pas en raison d’un désaccord profond. Notons que Lussier a assurément raison en disant que certaines personnes connaissent mal le sens de ces expressions, mais réduire l’opposition à ce lexique à une incompréhension bienveillante ou non est malhonnête de sa part.


Pour ce qui est de ce vocabulaire sur lequel elle se penche, il faut aussi préciser qu’il provient généralement des États-Unis, qu’il est donc à la base en anglais. Pour ses défenseurs, il servirait à qualifier de nouvelles expériences bien souvent en lien avec le racisme et le sexisme. On peut déjà relever ici un problème : utiliser ces concepts qui proviennent des États-Unis pour parler de la situation du racisme et du sexisme au Québec semble établir une fausse équivalence entre nous et nos voisins du sud. Ce problème est d’ailleurs reconnu par certains SJW (p. 155).


Penchons-nous maintenant sur le contenu de ce lexique lui-même. On ne peut évidemment présenter et commenter ici la quarantaine d’entrées présente dans le livre, même si chacune d’entre elles mériterait une analyse approfondie, mais on peut très certainement dresser une liste écourtée des quelques termes les plus représentatifs de la « mentalité SJW », comme Lussier l’appelle.



Intersectionnalité et privilège


Commençons par deux concepts fondamentaux chez les SJW. Le premier, l’intersectionnalité, vise à « comprendre comment différentes formes d’oppression peuvent interagir les unes avec les autres » (p. 41). Autrement dit, la communauté noire peut subir du racisme, les femmes peuvent subir du sexisme, alors les femmes noires subissent la combinaison de ces deux oppressions. On comprend aussi que ces combinaisons tendent vers l’infini en mélangeant tous les types d’oppressions, nous y reviendrons. L’idée d’intersectionnalité fait peu débat, mais d’importantes discussions tournent non seulement autour de son acceptation comme grille d’analyse dominante, mais aussi autour des solutions qu’elle propose. Plusieurs féministes universalistes critiquent l’intersectionnalité en lui reprochant par exemple de diviser le mouvement. Les féministes intersectionnelles vont souvent critiquer à leur tour le féminisme universaliste en disant qu’il se prétend tel, alors qu’il est uniquement l’expression des féministes blanches. Les solutions qui découlent d’une analyse intersectionnelle ne font pas non plus l’unanimité, car on voudra bien souvent donner des avantages aux « opprimés » proportionnellement aux oppressions qu’ils vivent. Nous verrons en détail quelques-unes de ces solutions dans la deuxième recension. Pour l’instant, penchons-nous sur le concept de privilège, le deuxième concept fondamental des SJW, ce qui permettra aussi de mieux comprendre celui d’intersectionnalité.


Les SJW entendent par privilège « un avantage obtenu sans avoir fait d’effort pour l’obtenir, et qui facilite la vie de celui qui en jouit sans en avoir nécessairement conscience » (p. 56). Notre situation à la naissance relève du hasard et donc reconnaissons avec les SJW que certaines personnes commencent leur vie avec des avantages qu’elles n’ont pas mérités. C’est d’ailleurs pour contrer ce phénomène et se rapprocher d’une réelle égalité des chances que le gouvernement du Québec, comme ceux de la plupart des pays occidentaux, a implanté un système d’éducation public et gratuit. Cependant, aux yeux des SJW, il n’y a pas que des inégalités liées à l’argent dans la société. La couleur de la peau ou le sexe peuvent causer des avantages comme des désavantages bien plus sournois. Par exemple, un Blanc ne pensera jamais se faire arrêter par la police à cause de la couleur de sa peau et il se sentira toujours représenté dans les manuels d’histoire. Ces exemples constitueraient une partie de ce que l’on appelle le privilège d’être Blanc. Les SJW verront aussi le poids, les capacités physiques ou mentales, la classe et bien d’autres critères comme facteur produisant des privilèges. Ayant en tête l’objectif d’une égalité de fait entre tous, les SJW souhaiteront que tous ces privilèges soient abolis. Les privilégiés auront donc la responsabilité de faire en sorte que leurs privilèges ne leur donnent pas d’avantages.



La couleur de la peau, le statut social, le niveau d’éducation, le sexe, le genre, l’orientation sexuelle et les capacités physiques constituent autant de vecteurs de privilège. (On peut plus rien dire, p. 56)



Ces deux premiers concepts ont à l’évidence une certaine validité, mais ils subissent aussi leur lot de critiques de la part de nombreux intellectuels. Le professeur de psychologie Jordan B. Peterson est ainsi devenu une vedette des réseaux sociaux en raison de sa critique acerbe de la pensée SJW. Selon lui, l’intersectionnalité et l’idée de privilège doivent aller plus loin en prenant en compte beaucoup plus de facteurs que ceux mentionnés ci-dessus : la grandeur; la géographie; la personnalité des parents; les choix des parents; la beauté; la capacité à persévérer; la force physique; la capacité à socialiser et une infinité d’autres facteurs innés ou acquis. En prenant en compte tous ces facteurs, le terme de l’analyse intersectionnelle devrait alors être l’individu lui-même – ce qui inclut ses caractéristiques et ses choix individuels – et ce serait sur cette base qu’on devrait traiter l’autre. Cette idée réfute donc l’argumentaire des SJW voulant que l’identité de groupe l’emporte sur l’identité individuelle.


Comme plusieurs de ces privilèges sont innés, l’une des manières de pallier leur injustice consiste à être un ou une « allié.e » : « Dans le milieu militant comme à la guerre, les alliés sont ceux qui luttent contre une forme d’oppression sans en subir les conséquences. » (p. 22) Ici, on fait référence aux hommes féministes ou bien aux Blancs qui soutiennent le mouvement Black Lives Matter. Cette définition somme toute assez juste peut faire consensus pour ce qui est de sa précision, mais plusieurs éléments dérangent en elle. Premièrement, on ne sait pas à quelle guerre Lussier fait référence. En second lieu, en principe, les alliés d’une puissance militaire combattent et subissent eux aussi des pertes. Au-delà cependant de cette analogie boiteuse, la référence à la guerre est intéressante car elle rejoint ce que nous disions plus haut : dans l’esprit de SJW, et apparemment aussi dans celui de Lussier, il n’y a pas de parti opposant légitime avec qui discuter, il n’y a que des ennemis contre lesquels on ne peut que combattre.



Irréfutabilité


La définition des concepts suivants présentés par Judith Lussier souffrent d’un important problème de logique, soit l’irréfutabilité. Comme nous le verrons, il est impossible de rejeter légitimement plusieurs de ces concepts à l’aide de preuves contraires qui mettraient en question leur définition. Par exemple, pour définir la « discrimination systémique », Lussier explique que « c’est simplement reconnaître […] que ce racisme s’inscrit dans un système formé de mécanismes plus ou moins conscients, parmi lesquels se trouve, ironiquement, le fait de nier le racisme » (p. 33). Reformulons son idée : cela signifie ni plus ni moins que si vous remettez en question l’idée de racisme systémique, c’est bien la preuve qu’il y a du racisme systémique. C’est un peu la même chose si vous remettez en question le concept de culture du viol - faisant aussi partie du lexique - car le fait même de remettre en question cette idée reviendrait à banaliser le viol et donc justifie indirectement ce concept. Notons que nous ne contestons pas ici la véracité elle-même de ces concepts, ce qui mériterait un tout autre texte, mais plutôt leurs conditions de possibilités.



Or, affirmer qu’il y a du racisme systémique au Québec ne signifie pas que tous les Québécois sont racistes, ni même qu’il y aurait plus de racisme ici qu’ailleurs. C’est simplement reconnaître qu’il existe du racisme, et que ce racisme s’inscrit dans un système formé de mécanismes plus ou moins conscients, parmi lesquels se trouve, ironiquement, le fait de nier le racisme. (On peut plus rien dire, p. 33)



D’autres mots souffrent de ce problème de l’irréfutabilité et les trois suivants sur lesquels je me pencherai maintenant peuvent être de ce fait analysés ensemble : male tears ou larmes d’homme « décrit le fait, pour un homme, de se poser en victime, alors qu’il est en réalité en situation de privilège » (p. 42) ; white tears ou larmes de blanc suit le même principe, mais se base sur la couleur de la peau ; enfin, la white fragility ou fragilité blanche qui « décrit la réaction défensive de certaines personnes blanches lors de discussions sur le racisme ou sur leurs privilèges » (p. 72). Autrement dit, là encore, si une personne désignée comme « privilégiée » remet en question ces termes ou la mentalité SJW, c’est bien la preuve de leur nécessité et de leur validité. Au-delà de leur irréfutabilité, on peut aussi souligner que ces trois concepts se basent en outre sur des préjugés : on n’écoute pas ce que l’autre a à nous dire, on en déduit le sens de son discours à partir du groupe auquel il appartient, ici la couleur de la peau ou le sexe. Les SJW mettent au cœur de leur philosophie l’écoute de l’autre, mais ils semblent oublier que cela devrait valoir aussi pour leurs contradicteurs.


Une dernière entrée participe du problème de l’irréfutabilité et elle est aussi très représentative de la mentalité SJW : « résultat contre intentions ». Ce terme est moins une expression qu’un principe pour les SJW. Pour bien le comprendre, on se souviendra de la Saint-Jean-Baptiste en 2017, où des jeunes majoritairement noirs habillés en habits beiges poussaient un char allégorique où se trouvait une femme blanche chantant des airs québécois bien connus. Beaucoup avaient sursauté en voyant l’image qui rappelait, selon eux, l’esclavage. Dans les faits, ces jeunes avaient été sélectionnés pour honorer la persévérance scolaire et il y avait des citations provenant de la littérature québécoise sur leur costume. Bref, la scène n’avait en réalité rien de raciste. Or, pour les SJW, l’intention, même avérée, n’a pas de valeur, c’est seulement le résultat qui compte. Si des gens ont été heurtés par cette image perçue comme étant raciste, alors la scène est « problématique », des excuses sont demandées et des mesures doivent être prises pour que cela n’arrive plus jamais. Devant des faits qui viennent contredire leur première impression, on s’attendrait plutôt à ce que des adultes raisonnables reconnaissent avoir mal interprété la situation. Mais quand le ressenti triomphe de la recherche de la vérité, les faits ont bien peu d’intérêt. On comprend peut-être en quoi ce dernier principe participe de l’irréfutabilité : si aucun fait ne peut venir contredire nos interprétations, ces dernières deviennent tout bonnement irréfutables.


Le chroniqueur et professeur d’université Frédéric Bérard a dit en parlant du livre de Judith Lussier qu’il « permet d’asseoir les bases de la discussion de manière porteuse ». Or, l’irréfutabilité de ces termes pose un réel problème pour toute personne voulant entrer dans un dialogue constructif avec leurs défenseurs. Pour résoudre cette difficulté, il serait préférable, par exemple, de dire à quoi ressemblerait une société sans culture du viol ou sans discrimination systémique pour que nous puissions à ce moment-là en débattre à partir d’exemples concrets. On pourrait ainsi avancer dans le débat sans se faire couper l’herbe sous le pied dès le début par des concepts incontestables.



Procès d’intention


Une autre entrée traite d’une autre de ces expressions qui se font entendre dans certains milieux et qui se répandent sur les réseaux sociaux: c’est le mansplaining, terme qui « consiste à décrire l’attitude condescendante et suffisante qu’adoptent certains hommes lorsqu’ils tiennent pour acquis que leur interlocutrice en sait moins qu’eux sur un sujet dont elle est pourtant experte » (p. 43). On apprend à l’aide d’un graphique que si une femme ne demande pas qu’on lui explique quelque chose, on devrait se taire. Suivant cette logique, la présente recension relèverait du mansplaining. Bien qu’il soit vrai que certains hommes infantilisent les femmes, ce qui tendrait à prouver que le concept n’est pas totalement dénué de fondement, force est de constater que l’application du concept s’appuie essentiellement sur un procès d’intention à l’égard des hommes puisqu’on prétend sans la moindre preuve que si l’homme s’était adressé à un autre homme sur le même sujet, il aurait agi différemment.



Un Blanc peut discuter d’enjeux raciaux, mais il doit avoir l’humilité de reconnaître que sa réalité limite sa compréhension du racisme. (On peut plus rien dire, p. 45)



Le mansplaining soulève aussi la question de l’expertise. La gauche postmoderne a voulu montrer dans les années 60 qu’il y avait plusieurs manières d’avoir accès au monde et qu’on ne devait donc pas laisser uniquement aux experts la responsabilité de prendre des décisions. Il y a assurément du vrai dans cette intuition même si sa version radicale où toute connaissance est relative s’avère erronée. Lussier semble poursuivre cette philosophie et cette critique de l’expertise dans son essai. Pourtant, elle affirme dans le même temps que lorsqu’il est question d’une femme experte, on devrait à cette dernière un respect absolu.


Soulignons enfin que la question de l’expertise autour des questions de racisme et de sexisme a subi un choc important récemment, avec le canular des Grievance Studies. Trois personnes ont rédigé de faux articles scientifiques dans les domaines des cultural, gender, queer, race et fat studies pour démontrer que ces champs d’expertise ont peu de valeur sur le plan des connaissances. On peut certes se questionner sur le bien-fondé éthique d’une telle démarche, mais on doit aujourd’hui surtout se demander si les prétendus experts de ces domaines d’étude, qui sont ceux de prédilection de la mentalité SJW, ne nagent pas en fait en pleine fumisterie.



Conclusion


La discussion autour de ce nouveau vocabulaire que présente Lussier dans son essai est certainement loin d’être terminée, mais prenons le temps, à la fin de cette première partie de notre recension, de récapituler les faits saillants de notre analyse.


Premièrement, si certains mots servent à mettre en lumière des expériences réelles, leur irréfutabilité empêche toute discussion et toute recherche de la vérité à leur propos. Dans une société démocratique, cette conversation publique au sujet des concepts dont on fait usage est pourtant fondamentale. Dans son essai, Judith Lussier défend l'idée selon laquelle la panique autour de la liberté d’expression est une lubie des conservateurs. Or, l’irréfutabilité du vocabulaire SJW et la non-reconnaissance d’un adversaire légitime mènent à une situation où la prise de parole est piégée puisqu’on se retrouve dans une logique binaire semblable à celle de la guerre : d’un côté les bons, de l’autre les méchants. Ayant en tête ce manichéisme, on comprendra mieux dans la seconde partie de cette recension pourquoi les SJW veulent bien souvent faire taire les voix dissidentes.


Deuxièmement, le lexique SJW ne permet pas d’expliquer l’infinie complexité de l’expérience humaine. Ces mots mettent l’accent sur l’identité de groupe qui primerait sur celle de l’individu. Par exemple, comme nous l’avons mentionné précédemment, la critique venant d’un Blanc viserait en réalité une défense de ses privilèges. Un tel discours empêche à son tour toute discussion constructive.


Finalement, l’essai de Lussier porte sur le militantisme à l’ère des réseaux sociaux et, comme on le sait, le lexique qui précède fournit le matériel à la base de la réflexion SJW. On serait dupe si on pensait que ce vocabulaire n’était celui que de quelques militants illuminés, il est plutôt adopté à grande échelle, par des politiciens et des chercheurs universitaires notamment. Certains médias alternatifs comme Vice ont participé à sa popularisation et maintenant il n’est pas rare d’entendre des expressions ou des termes tirés de ce lexique à Radio-Canada ou de les lire dans le New York Times, deux médias loin d’être marginaux. Bref, ce vocabulaire s’installe de manière insidieuse dans le discours public puisqu’il se drape de vertu et ses utilisateurs sont souvent inconscients du fait que ces mots qu’ils utilisent militent à leur place.




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